Le sommeil, cette petite mort quotidienne, a inspiré tous les peintres, quelle que soit l’époque. Du sommeil mythologique à la jeune femme lascive endormie, du vieillard piquant du nez au jeune couple endormi, toutes les représentations ont été faites du songe au cauchemar !
Le ciel est d’un bleu intense, le soleil semble taper fort ! C’est à l’ombre d’une grande meule de foin qu’un couple de paysans a décidé de faire sa sieste ! C’est précisément ce titre « la sieste » que Van Gogh a choisi pour ce superbe tableau. L’homme, allongé sur le dos, pose sa tête sur ses bras repliés, le visage caché du soleil par son chapeau rabaissé. Les sabots dévoilant ses pieds nus sont posés à ses côtés, en compagnie des faucilles qui l’aident à la tâche. La femme, endormie sur le côté, cache sa tête dans son bras. En arrière-plan, se tient une charrette avec à proximité, des boeufs, qui déterminent la profondeur et la perspective. Millet avait peint une scène analogue dont Van Gogh, grand admirateur du peintre, s’est sans doute inspiré.
En 1892, Edouard Vuillard peint « le sommeil », une toile actuellement conservée au musée d’Orsay à Paris. On y voit une tête aux yeux fermés, dépassant de lourdes couvertures couleur kaki ; sur un fauteuil, au pied du lit, on devine des habits négligemment déposés. L’ambiance est paisible.
Quelques décennies plus tôt (1866), Gustave Courbet a lui aussi peint le sommeil. Jouant sur le contraste des carnations et des chevelures, il représente deux types de beautés féminines qui s’enlacent dans un désordre de draps soyeux. L’ambiance est très érotique, licencieuse, sublimant l’amour lesbien et aurait certainement fait scandale si elle n’avait été livrée discrètement à un collectionneur avisé, le diplomate Khalil-Bey, pour qui Courbet avait déjà peint « l’origine du monde », tout aussi provocante, et qui sera entre autre l’acquéreur du « Bain turc » d’Ingres !
C’est sur un âne coloré que Marc Chagall décide de peindre une femme aux seins nus, endormie ; Cette femme assoupie sur le dos d’un âne qui l’emmène dans une nuit aux contours infinis, représente un monde construit par le rêve chagallien ! Des arbres pendent d’un ciel vert-prairie alors que l’animal trotte sur un sol bleu-ciel ou semble briller une pleine lune.
Dans un décor à l’architecture improbable, néoclassique, un croissant de lune éclairant la cime des montagnes environnantes une femme nue en interpelle une autre richement vêtue, une belle coiffe rouge sur la tête, qui marche, indifférente. Sur un lit d’apparat une femme nue dort, le bras droit levé vers sa tête, l’autre replié sur le coussin, abandonnée, insensible au squelette qui veille sur elle (est-ce la mort qui la guète ?). C’est la « Vénus endormie » de 1943, dont Paul Delvaux peindra plusieurs versions.
«Le Sommeil de la raison engendre des monstres» («El sueño de la razon produce monstruos»). C’est ainsi que Goya a intitulé une de ces gravures datée de 1797-1798, de la série « les Caprices ». Il y représente un homme endormi derrière lequel on discerne des oiseaux de nuits et des ombres de chauves-souris ou autres vampires !
Les exemples de représentation du sommeil et des songes sont innombrables, des fresques grecques aux peintres modernes, du songe mythologique aux rêves érotiques, nous présentent de nombreuses oeuvres illustrant cet état qui consume le tiers de notre existence !
Dr Daniel PIPERNO (Lyon)
Twitter : @DanielParot
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