Le cododo est une pratique controversée. Chez les parents de jeunes enfants comme chez les professionnels de santé, la question passionne et semble fédérer autant de défenseurs que de détracteurs. Faisons le point sur cette tendance au « sommeil partagé », dont on entend beaucoup parler…
Le cododo en quelques mots :
Le « cododo » (ou « co-dodo ») désigne le fait de partager son lit avec son bébé, dans les premiers jours, premières semaines, premiers mois de sa vie. On emploie aussi parfois le terme « co-sleeping », pourtant différent puisqu’il désigne le fait de partager sa chambre avec son bébé, mais chacun dormant dans son propre lit.
Il s’avère d’ailleurs que les 6 premiers mois, dormir dans la même chambre que son enfant diminue le risque de mort subite du nourrisson.
Ces derniers temps, on a beaucoup parlé du phénomène de cododo, de plus en plus répandu et défendu par les jeunes parents. Effet de mode ? Pas seulement…
Si son apparition mais surtout son développement semble assez récent en France, d’autres pays le pratiquent bien volontiers depuis de nombreuses années. C’est notamment le cas dans les pays scandinaves comme la Suède ou la Norvège, dans les pays d’Asie comme la Chine ou le Japon, mais aussi en Afrique et en Amérique du Sud…
Les avantages du sommeil partagé
Il est vrai que dormir avec son enfant semble instinctif et naturel. Après tout, on n’a jamais vu une maman animal faire chambre à part avec son petit pour la nuit…
Mais le principal avantage du cododo, c’est d’abord son aspect pratique. Cela évite aux mamans ayant fait le choix de l’allaitement de se lever la nuit pour nourrir leur enfant. Et l’on sait à quel point chaque minute de sommeil grappillée compte, a fortiori pour des parents épuisés !
Enfin, l’aspect émotionnel entre également en compte. Un bébé énervé, angoissé, au sommeil léger ou perturbé, se sentira bien souvent rassuré par la présence et l’odeur de sa maman (et réciproquement).
Si l’on s’en tient à ces seuls faits, la pratique peut à première vue paraître idyllique... Il convient toutefois de nuancer le propos, car mal pratiqué, le cododo comporte des risques à ne surtout pas négliger.
La question de la sécurité
De nombreux médecins et professionnels de la petite enfance mettent en effet en garde sur les dangers du cododo. Cette habitude augmenterait significativement le risque de mort subite du nourrisson. Ainsi, des revues internationales comme Pediatrics (le journal de l’Académie américaine de pédiatrie) ou le British Medical Journal ont depuis longtemps pris position à ce sujet, en publiant des études sur les risques supposés du cododo.
Sans nier ni même minimiser les résultats de ces nombreux travaux, il semble toutefois difficile d’obtenir des chiffres précis sur les risques exacts de cette pratique, qui diffèrent selon les âges du nourrisson et le comportement des parents. Pour d’autres spécialistes, le risque d’étouffement par le parent durant le sommeil, fréquemment évoqué comme étant le danger principal, serait en réalité quasi inexistant en l’absence de consommation de drogues, alcool ou médicaments.
Le danger viendrait plutôt d’une température de l’air trop élevée, augmentée par la chaleur corporelle dégagée pendant la nuit. Par mesure de précaution, il est donc vivement recommandé, pour qui souhaite partager ses nuits avec son bébé, de le faire dormir l’enfant dans un berceau accolé plutôt que dans le lit parental.
Alors le cododo, oui ou non ?
Le débat est d’autant plus passionné qu’aucune étude scientifique complète ne peut statuer clairement sur le cododo. Il augmenterait le risque de mort subite du nourrisson mais favoriserait la surveillance maternelle et l’allaitement, qui à l’inverse réduisent ce risque.
Dès lors, y a-t-il lieu d’imposer ou de proscrire une méthode qui conviendrait à certains et très peu à d’autres ? Chaque situation est particulière, chaque enfant unique. Les premiers mois de vie avec un jeune enfant sont assez intenses et déstabilisants pour des parents déjà assaillis de recommandations et d’interdictions parfois contradictoires et souvent anxiogènes, inutile d’en rajouter sinon pour les culpabiliser !
Car finalement, s’il n’y a qu’une seule règle à retenir et respecter, c’est celle de la sécurité… Que vous choisissiez ou non de pratiquer le cododo !
Conseils de sécurité pour réduire les risques d’accidents et d’augmentation de température en cas de cododo :
- Disposer d’un matelas est ferme et plat
- Placer le bébé de sorte qu’il ne puisse pas tomber du lit, ni glisser entre le matelas et le mur
- Surveiller la température de la pièce, idéale entre 16 et 18°C.
- Ne pas couvrir trop chaudement le bébé et ne jamais recouvrir sa tête
- Ne jamais laisser le bébé seul dans le lit
- Prévenir l’autre parent que le bébé est présent
- Si un autre enfant plus âgé est présent, le parent doit se placer entre le bébé et l’enfant.
- Ne pas autoriser un animal de compagnie à dormir dans le même lit qu’un bébé.
ATTENTION : ne jamais dormir avec un bébé dans les situations suivantes :
- Si vous êtes fumeur/se : fumer augmente le risque de mort subite du nourrisson. Un fumeur ou une fumeuse (même si il/elle ne fume jamais au lit) ne doit pas dormir avec un bébé.
- Sur un fauteuil ou un canapé : les fauteuils et canapés sont dangereux pour un bébé qui peut se retrouver coincé entre les coussins ou le long des côtés.
- Si vous sentez qu’il vous est difficile de répondre aux besoins du bébé, notamment du fait de : consommation d’alcool, consommation de drogue, prise de médicaments qui favorise la somnolence, maladie pouvant affecter la capacité d’attention, fatigue excessive, anormale
- Si le bébé est né prématuré ou de petits poids : il est alors plus sûr d’éviter le cododo, du moins les premiers mois.
- Lorsque le bébé est fiévreux : faites dormir le bébé dans son propre lit en cas de fièvre, afin qu’il n’ait pas trop chaud.
- Connectez-vous ou inscrivez-vous pour publier un commentaire