Sommeil et Littérature

Sommeil / Culture

Le Sommeil est un sujet récurrent dans la littérature. Et c’est bien normal, tant il est essentiel dans nos vies ! Alors que se clôt l’édition 2019 du salon Livre Paris, le plus grand festival littéraire en France, nous avions envie d’évoquer quelques auteurs dont les écrits ont célébré le sommeil.

L’écrivain, les lettres et le sommeil sont depuis toujours intimement liés.
De tout temps les auteurs ont écrit sur ce thème, décrivant leurs personnages endormis, aux prises avec les affres de l’indomptable insomnie, ou goûtant à la volupté d’une sieste.

Paul Valéry écrivait dans La Fileuse ces quelques vers à propos de la sieste :
« Lasse, ayant bu l’azur, de filer la câline  
Chevelure, à ses doigts si faibles évasive,
Elle songe, et sa tête petite s’incline.»

L’insomnie, qu’elle soit douloureusement vécue ou caractéristique du surgissement de la création, peuple les romans et les poèmes. Ceux d’André Breton par exemple, ou de Robert Desnos qui écrivait dans Pour un rêve de jour :
« Je conte et décris le sommeil
Je recueille les flacons de la nuit et je les range sur une étagère ».

Victor Hugo, lui, la fustige. Bien que conscient de sa force créatrice et d’inspiration, il recherche pour autant le repos du sommeil. Comme en témoigne cet extrait d’Insomnie (Les Contemplations):
« Paix-là ! va-t-en, bourreau ! quand au vers, je le lâche.
Je veux toute la nuit dormir comme un vieux lâche ;
Voyons, ménage un peu ton pauvre compagnon.
Je suis las, je suis mort, laisse-moi dormir ».

Extrêmement prolixe, Marcel Proust débute le célèbre À la recherche du temps perdu par :
« Longtemps, je me suis couché de bonne heure ». Tous ses romans regorgent d’ailleurs de passages évoquant le sommeil : tantôt pour dépeindre l’être aimé, délicieusement abandonné dans les bras de Morphée, tantôt pour décrire le souffle, symbole de calme et de la vie de la dormeuse... De même que le fit Apollinaire dans Le Bon sommeil (Le Guetteur mélancolique) :
« Ses lèvres sont entr’ouvertes
Ô les calmes respirs »

Le sommeil, dans tous ses états, se retrouve très souvent dans les romans. Romans d’amour comme L’insoutenable légèreté de l’Être de Milan Kundera, ou romans d’amitié comme Rendez vous à Positano de l’écrivaine Goliarda Sapienza qui rédigea de très belles scènes de siestes sur la plage.
Les maladies du sommeil sont aussi évoquées, notamment grâce à Charles Dickens dans Les aventures de Mr Pickwick, avec le cas de somnolence typique d’un des personnages s’endormant de manière irrépressible, quelle que soit la situation.

Évidemment, l’univers onirique du sommeil alimente de sa richesse l’imaginaire littéraire. À travers les rêves, simplement, ou les rêves lucides, qu’évoquaient déjà Freud, Aristote, et Lautréamont. Certains se transforment d’ailleurs en cauchemars, comme dans L’autre moitié du soleil de Chimamanda Ngozi Adichie, récit d’une famille pendant la terrible guerre du Biafra.
Les cauchemarssont également très présents dans Le Lambeaude Philippe Lançon, rescapé des attentats de Charlie Hebdo, dont les longs mois de convalescence furent émaillés de cauchemars en lien avec le terrible évènement. Les délires et l’univers étrange dans lequel fut plongé Boris Razon, qui a traversé de longs mois de réanimation à cause d’un sévère syndrome de Guillain Barré, lui ont inspiré de longs passages de Palladium.

Au-delà de ces quelques exemples, Sommeil et Littérature se marient bien plus souvent encore. À ce sujet, l’essai du Pr Fanny Déchanet-Platz, L’Écrivain, le sommeil et les rêves, dont sont tirés certains passages de cet article, est fort intéressant...

 

Et vous, lecteurs assidus et amateurs de Belles Lettres, avez-vous des coups de cœur littéraires liés de près ou de loin au Sommeil à partager ?

 

Une sélection du Docteur Madiha ELLAFFI @MaEllaffi  

(Crédit photo : Leah Kelley via Pexels)