Si on sait que le manque d’activité physique et le fait de manger en trop grande quantité entraînent surpoids et obésité, on évoque moins souvent le sommeil… Et pourtant !
Le manque de sommeil a bien des effets dommageables sur le métabolisme et l’équilibre alimentaire, comme le prouvent de nombreuses études réalisées ces dernières années. Une enquête réalisée par L’institut du Sommeil et de la Vigilance a notamment montré que le manque de sommeil chronique augmenterait de 50 % (pour les hommes) et de 34 % (pour les femmes) le risque d’obésité. Les conséquences des nuits trop courtes se traduisent donc directement sur la balance, mais pas seulement ! Car le surpoids et plus encore l’obésité favorisent l’apparition ou l’aggravation de divers troubles respiratoires, comme le syndrome d’apnées du sommeil… Et ces pathologies perturbent à leur tour fortement le sommeil, générant un véritable cercle vicieux dont il faut à tout prix essayer de sortir.
Mal dormir fait grossir
Les effets néfastes du manque de sommeil sur le poids s’expliquent avant tout par des mécanismes hormonaux, car c’est pendant le sommeil que le cerveau sécrète une hormone régulatrice de l’appétit, la leptine. À l’inverse, il produit pendant la journée une hormone stimulant l’appétit, la ghréline. Des nuits trop courtes et un temps de veille allongé entrainent donc une surproduction de ghréline, au détriment de la leptine.
Conséquences ? La sensation de satiété diminue, tandis que la sensation de faim augmente... Peut-être l’avez-vous d’ailleurs déjà constaté : on a beaucoup plus tendance à grignoter lorsque l’on se sent particulièrement fatigué. Avec en prime une appétence particulière pour les aliments gras et sucrés !
Obésité et troubles du sommeil
L’obésité, déjà favorisée par le manque de sommeil, augmente à son tour le risque de survenue de troubles respiratoires du sommeil. Elle est notamment un facteur déclenchant du SAHOS, syndrome d’apnées et d’hypopnées obstructives du sommeil.
Les liens entre surpoids et troubles respiratoires du sommeil sont mécaniques : l’excédent de graisse localisé au niveau du cou, de la langue, du pharynx et de l’abdomen, entraîne un rétrécissement des voies respiratoires, qui se retrouvent obstruées pendant le sommeil.
Suivi et prévention
Lorsque l’on souffre d’obésité, il est donc essentiel de mettre en place un suivi alimentaire adapté, pour minimiser, entre autres maux, la survenue ou l’aggravation de ces troubles du sommeil. Ce suivi peut être réalisé en à l’hôpital, en clinique, ou en cabinet privé par des médecins nutritionnistes ou diététiciens.
C’est notamment le rôle de Nikita Fournier, diététicienne-nutritionniste à l’Hôpital Européen de Marseille et en libéral.
Elle nous a parlé plus en détails de son activité :
« Dans le cadre de mon travail, je rencontre tout type de patients : beaucoup de diabétiques, mais aussi des personnes souffrant d’obésité, de SAHOS, de maladie cœliaque…
Mes patients présentent donc beaucoup de pathologies différentes, et on retrouve fréquemment des troubles respiratoires du sommeil avec l’obésité : environ 30 à 40 % de mes patients obèses sont touchés par le syndrome d’apnée du sommeil.
Leur prise en charge commence par un rééquilibrage alimentaire, accompagné par la mise en place d’une bonne hygiène de vie (démarrage ou reprise d’une activité physique, arrêt du tabac et/ou de l’alcool, nouvelles habitudes de sommeil mieux cadrées…). La particularité de ces suivis, c’est qu’ils sont toujours personnalisés, car les habitudes alimentaires sont propres à chacun et dépendent de nombreux facteurs éthiques, culturels, religieux… C’est pour cela que je ne parle jamais de "régime" mais de "rééquilibrage alimentaire" adapté.
Les patients souffrant d’un SAHOS sont ensuite dirigés vers des ostéopathes ou des kinésithérapeutes spécialisés, pour libérer les voies respiratoires. Ils peuvent également être orientés vers d’autres médecins spécialisés, en fonction de leurs profils et de leurs besoins. »
Il faut toutefois noter que si l’obésité est un facteur déclenchant du SAHOS, la perte de poids n’entraînera malheureusement pas nécessairement la disparition de ce syndrome… Mais cela ne doit pas empêcher la prévention, au contraire !
« Il est très important de sensibiliser les patients à ces problématiques, car même si un rééquilibrage alimentaire n’a pas toujours d’impact direct sur le syndrome d’apnée du sommeil, cela permet d’en minimiser les symptômes. On peut vraiment améliorer la qualité de vie du patient en sensibilisant au maximum à l’importance d’une bonne hygiène de vie !
Cette prévention ne devrait d’ailleurs pas uniquement concerner les patients souffrant d’apnées du sommeil : les bons conseils d’équilibre alimentaire doivent au contraire s’intégrer dans la prise en charge globale de tout patient touchés par l’obésité, ou par toutes autres pathologies pouvant être liée à l’alimentation. »
Pour résumer, l’obésité, souvent liée à des dérèglements hormonaux qui entrainent la diminution de la sensation de satiété, favorise l’apparition ou l’aggravation des maladies du sommeil. Il faut donc être attentif à son mode de vie et d’alimentation dès lors que l’on soupçonne un syndrome d’apnées du sommeil.
Et réciproquement, il est important de rechercher l’existence d’un trouble respiratoire du sommeil si on est concerné par un problème de surpoids et encore plus d’obésité. Une fois ces maladies diagnostiquées, la mise en place d’un bon équilibre alimentaire permet de prévenir ou d’améliorer leurs effets.
Au moindre doute, mieux vaut ne pas hésiter à consulter, afin de bénéficier d’un suivi adapté. Car un sommeil de qualité, c’est l’assurance d’une meilleure santé !
Merci à Nikita Fournier pour les réponses apportées.
(Propos recueillis par Joanne Berthier, pour le site des JPRS)
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