Mieux dormir, ça passe aussi par mieux manger ! Et pour mieux manger, il faut manger moins vite. Pas toujours si facile de changer ses mauvaises habitudes parfois imposées pour nos rythmes de vie effrénés. Adeline Collet est pharmacienne et nutritionniste, elle nous présente une fourchette un peu particulière qui pourrait nous aider à prendre le temps de déguster.
Manger bien oui et manger moins vite !
Pourquoi est-ce important de manger lentement ?
C’est primordial pour essentiellement deux raisons : éviter les troubles digestifs et limiter la quantité d’aliments ingérée donc potentiellement perdre du poids à moyen terme.
Quels sont les risques d’un rythme alimentaire trop rapide ?
Les risques sont liés au fonctionnement même de la digestion. Quelques mots pour mieux comprendre : manger envoie différents types de signaux au cerveau :
- des signaux sensoriels par des récepteurs intra-buccaux stimulés par la mastication,
- des signaux digestifs par des récepteurs gastriques stimulés par la dilatation de l’estomac lié à son remplissage,
- des signaux hormonaux par la sécrétion d’hormones de la satiété par le tube digestif dont la leptine
Tous ces signaux vont agir au niveau de l’hypothalamus, centre de satiété du cerveau, qui va sécréter des substances signalant la sensation de rassasiement 15 à 20 minutes après la première bouchée.
Donc, le fait de manger trop vite, appelé la tachyphagie, permet d’ingérer durant ces 20 minutes une quantité d’aliments trop importante par l’absence de sensation de satiété. Ce qui peut entrainer une prise de poids voire une obésité, un diabète de type 2 et/ou des maladies cardiovasculaires. Sachant cependant que ces pathologies sont pluri-factorielles et que le facteur alimentaire est à considérer sur plusieurs niveaux : la quantité d’aliments ingérée certes, mais également le choix de ces aliments et la répartition des prises alimentaires sur la journée / nuit.
Autre désagrément occasionné quand on « dévore », l’ingestion de beaucoup d’air et l’insuffisance de mastication, ce qui favorise des troubles digestifs : ballonnements, éructations, hoquet, maux de ventre, sensations d’inconfort digestif, flatulences… En effet, l’intérêt de nos dents est de mastiquer les aliments afin de présenter à l’estomac un bol alimentaire broyé et donc digestible. L’estomac, ayant un rôle de réservoir et de brassage, mais n’a pas vocation à faire le travail de nos dents ! Sinon, nous mangerions « mixé ou haché » comme les bébés ou les personnes âgées ayant des troubles de la dentition et/ou déglutition !!
Une fourchette pour réguler la vitesse à laquelle on mange
Comment fonctionne cette fourchette ?
Le principe de la fourchette Slow Control est de détecter la durée entre deux bouchées et d’alerter par une légère vibration et/ou un signal lumineux lorsque cette durée est inférieure à 10 secondes (configuration par défaut). Sachant que manger lentement correspond à un délai entre 2 bouchées de 10 à 30 secondes selon les publications.
Quels sont les bénéfices d’un tel objet ?
Cette fourchette intelligente est un outil permettant de changer ses habitudes alimentaires comme peut l’être l’usage de baguettes asiatiques, d’un sablier, d’un chronomètre ou le fait de poser sa fourchette sur son assiette toutes les 3 bouchées.
Les deux intérêts supplémentaires que je lui trouve sont son aspect ludique et connecté mais surtout le fait qu’elle permette une prise de conscience de sa tachyphagie par la fréquence des vibrations émises.
Est-ce une aide efficace pour changer ses habitudes d’alimentation ? Combien de temps doit-on l’utiliser ?
Le fabriquant préconise une utilisation de 5 repas minimum par semaine et durant 21 jours pour ancrer de nouvelles habitudes.
Et le plaisir de manger dans tout ça ?
Ça, c’est la vraie question !!!!
Je pense que le plaisir de manger est minime lorsque l’on dévore. L’ingurgitation à toute vitesse des aliments ne permet pas d’apprécier leurs saveurs, arômes, textures et goûts. Au contraire, le plaisir de manger est dans la recherche de ces sensations, sans parler du concept de « manger en pleine conscience » pas forcement à la portée de tous, mais plus simplement dans la dégustation de son repas. Et dans sa globalité en passant par la convivialité d’un vrai repas à table, de 20 à 30 minutes, sans télé, en famille entre amis ou collègues. Mais aussi seul(e), dans le calme, sans écran ou journal devant soi, à se concentrer sur son assiette. A tester, vous verrez, c’est sympa aussi !! Et idéal pour essayer d’identifier les signaux de faim et de satiété pas toujours évidents à repérer.
Dans la pratique, une fourchette utile ou un gadget ?
A qui s’adresse-t-elle ? Aux patients ? Aux enfants ?
De part son ergonomie elle ne s’adresse pas aux enfants mais convient parfaitement aux adultes et aux adolescents, cible très intéressante en cette période de changement d’habitudes alimentaires. Cependant, en tant de mère d’ados, j’ai un doute sur l’usage de cette fourchette sur leur repas entier !!
Dans quel cadre a-t-elle était testée ?
Au départ, j’ai acheté cette fourchette par curiosité pour mes patients et pour moi-même. Et à ce jour, je continue à l'utiliser car elle vibre encore parfois !
Je l’ai aussi fait tester à mon entourage, à des collègues diététiciennes nutritionnistes et à des patients obèses dans le cadre de mon stage hospitalier de fin d’étude. Après ce test, la réflexion d’équiper le service de cet outil est à l’étude …
Quel est le ressenti des utilisateurs ?
Les témoignages sont unanimes sur la dizaine de testeurs : cette fourchette fait prendre conscience de notre vitesse d’ingestion souvent trop élevée !! Par contre, son essai sur 1 ou 2 repas ne permet pas de tester son efficacité sur le changement des habitudes. Plusieurs patients ont été séduits par le concept et ont décidé de s’équiper.
Y a-t-il des inconvénients, des bémols ?
Les inconvénients exprimés ont été le prix (39,90 €), la non-praticité selon certains aliments « glissants » comme les spaghettis mais surtout l’agacement de la fréquence des vibrations : CQFD …
Personnellement, je trouve cet objet ludique, pédagogique car révélateur et d’usage récurrent. Bref un outil utile parmi d’autres leviers à mettre en place lorsque l’on souhaite devenir acteur de son alimentation.
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