Il nous est à tous déjà arrivé d’avoir envie de piquer du nez après un copieux déjeuner, durant un trop long moment de calme en journée, ou lors d’une réunion qui n’en finit pas de s’éterniser : rien d’alarmant si cela arrive de temps en temps ! Ce phénomène de somnolence devient en revanche problématique lorsqu’il s’observe avec récurrence et dans la durée, et il convient alors d’en rechercher les causes pour pouvoir les traiter. C’est notamment l’un des premiers symptômes d’un syndrome d’apnées du sommeil non diagnostiqué ou mal soigné.
Somnolence ou fatigue ?
La somnolence se définit comme un état intermédiaire entre la veille et le sommeil, qui se caractérise par un endormissement si la personne somnolente n’est pas stimulée.
Elle est révélatrice d’un véritable besoin de dormir…
Il faut bien différencier la somnolence de la fatigue, qui se traduit quant à elle par une sensation d’affaiblissement physique ou moral survenant après une activité intense ou un effort soutenu. Elle réclame le repos, mais pas nécessairement le sommeil. Ainsi, on peut se sentir fatigué mais n’avoir aucune envie de dormir !
Cette distinction entre somnolence et fatigue est essentielle, car les causes, conséquences et traitements de ces deux symptômes, trop souvent confondus, peuvent être tout à fait opposés.
Un tiers de la population se plaint de somnolence occasionnelle.
On parle d’« hypersomnolence » dès lors qu’elle survient de façon excessive et irréversible et qu’elle impacte et altère le quotidien. Environ 5% de la population serait concerné…
Somnolence et troubles du sommeil
Causes et conséquences
La somnolence diurne, lorsqu’elle survient régulièrement, n’est donc pas à prendre à la légère. D’abord, elle a de réelles conséquences sur le quotidien et la qualité de vie des personnes qui la subissent : sensation permanente d’être mal réveillé, difficulté de concentration et de réflexion, manque d’attention, risques accrus d’accidents…
Ensuite, elle est souvent symptomatique de troubles de santé et notamment du sommeil.
Les causes d’une somnolence anormale peuvent être variées : nuits trop courtes, traitements médicamenteux (sédatifs, anxiolytiques…), consommation d’excitants (alcool, caféine…) mais aussi diverses maladies chroniques d’ordre psychologique, neurologique ou endocrinienne comme le diabète. Elle peut donc révéler tout un tas de maladies du sommeil comme l’insomnie, la narcolepsie, le syndrome des jambes sans repos… Ou encore le SAHOS, syndrome d’apnées et d’hypopnées du sommeil.
Hyper somnolence et apnées du sommeil
L’apnée du sommeil entraîne des pauses respiratoires durant le sommeil et de nombreux micro-réveils. Les nuits ne sont alors que peu reposantes et cette dette de sommeil grandissante se traduit par une hypersomnolence en journée : 30 à 50 % des patients présentant un syndrome d’apnées souffrent d’ailleurs de ce phénomène !
Il faut donc rechercher cette pathologie lorsqu’un patient se plaint d’hypersomnolence, surtout si elle s’accompagne d’autres symptômes comme une sensation de sommeil non réparateur, des maux de tête au réveil, des ronflements, des suffocations nocturnes…
Car une fois le SAHOS (Syndrome d'Apnées Hypopnées Obstructives du Sommeil) traité, l’hypersomnolence diminue, ou même disparaît complètement.
Somnolence persistante
Mais dans certains cas, malgré une bonne prise en charge thérapeutique, l’hypersomnolence persiste… Cette « somnolence résiduelle » touche 12 à 18% des patients traités pour un SAHOS, et s’explique le plus souvent par des causes comportementales (privation de sommeil, consommation de toxiques,…) ou médicales, qu’elles soient directement liées au syndrome d’apnées ou à une autre pathologie du sommeil.
Une fois ces pistes explorées et éliminées, il resterait encore tout de même 6% de somnolence résiduelle, sans causes identifiées. De nouvelles thérapeutiques sont actuellement en cours de validation afin de traiter ces patients spécifiques… L’espoir subsiste !
Dans tous les cas, que vous souffriez ou non d’apnées du sommeil, si vous vous sentez trop souvent somnolent durant la journée, n’hésitez pas à en parler à un professionnel de santé… Car il est très souvent facile de s’en débarrasser !
Merci au Docteur Kelly Guichard psychiatre et médecin du sommeil au CHU de Bordeaux (clinique du sommeil, CRMR Narcolepsies et hypersomnies rares), pour ses explications sur le sujet.
(Crédit photo : Anthonio Diaz, via Canva)
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